
Au pas de course !
Alors que les députés discutaient en commission des affaires culturelles de l’avenir de la télévision publique, la direction a refusé de réagir aux liminaires des organisations syndicales qui ont tous pointé le grand risque que courent nos antennes et l’inquiétude profonde des salarié·es. Un détachement qui frôle l’indifférence.
Mais même en faisant mine de ne pas voir l’éléphant dans la pièce, les sujets de discussion n’ont pas manqué.
Un CSE impossible à tenir dans les temps impartis au vu d’un ordre du jour particulièrement dense. Pour tout faire rentrer, la directrice du réseau a trouvé une solution : demander aux élu·es de raccourcir leurs interventions, en traitant chaque point au pas de course, et tant pis si nous n’avons pas le temps de rentrer dans le fond des choses. On se demande même si ça ne l’arrange pas.
Suites de l’alerte pour risque grave en Poitou-Charentes.
La crise qui a secoué la rédaction de France 3 Poitou-Charentes semble être apaisée. L’encadrement éditorial a été renouvelé, et le directeur régional estime que la rédaction a retrouvé une ambiance « sereine et apaisée », ce que confirme le secrétaire des RP. Il faudra toutefois veiller à ce qu’il ne s’agisse pas que d’une accalmie passagère, et la direction doit mettre en place de nouvelles actions de prévention pérennes et efficaces.
Cette alerte pour risque grave avait également montré à quel point le manque de formation et d’accompagnement des cadres intermédiaires pouvait avoir des conséquences dramatiques sur les collectifs et les individus. La direction dit avoir mis en place de nouvelles formations, sur lesquelles ils ont des bons retours. Nous avons demandé à voir le descriptif de cette formation pour nous faire une idée.

La direction a tout de même énoncé de belles promesses, elle assure notamment qu’elle « formera les candidats remplaçants avant toute prise de fonction », et qu’elle « veillera à éviter les départs simultanés de plusieurs membres de l’encadrement, ou tout du moins de manière contrôlée, avec une évaluation de l’impact et une maîtrise du calendrier ».
Sud attend de voir, car pour le moment dans le réseau, ce n’est pas du
tout comme ça que ça se passe.
Point immobilier.
> Retour d’expérience (REX) sur le « nouveau » site de Rouen.
Voilà cinq ans que nous attendions ce REX, et dire que nous sommes déçus serait un euphémisme. Un questionnaire largement incomplet envoyé aux salarié·es, quelques lignes sur les petits travaux faits ou à faire, voilà ce que la direction appelle un retour d’expérience.
Nous attendions que des conclusions soient tirées afin de mieux travailler sur les prochains projets immobiliers. Les directeurs technique et immobilier nous assurent que c’est fait ! Qu’il existe un « programme générique, technique et fonctionnel » pour guider les projets immobiliers, et qu’il est abondé par les conclusions de chaque retour d’expérience.
Formidable ! C’est ce document que nous souhaitons voir, afin d’avoir un avis éclairé sur ce nouveau site mais surtout sur les projets immobiliers à venir à Bordeaux, Lyon, Strasbourg…
« Je ne vois pas pourquoi vous le consulteriez, à chacun son métier », nous répond avec mépris le directeur immobilier. Circulez, y’a rien à voir !
Les élu·es ont voté à l’unanimité une résolution pour qu’une expertise libre soit effectuée par un cabinet indépendant, afin d’avoir enfin accès à un retour d’expérience complet et instructif.

> Sur le futur site de Lyon.
Le directeur immobilier assure qu’il n’a rien à nous dire de nouveau là-dessus. Une élue de Lyon explique pourtant que la métropole et la ville de Lyon font des annonces par voies de communiqué de presse, parlant d’un « futur ilot France Télévisions ».

Le directeur immobilier assure leur avoir déjà signalé son mécontentement de lire ces annonces politiques. En résumé : pour lui, il ne faut pas porter de crédit à ses informations. Ne faudrait-il pas dans ce cas communiquer avec les salarié·es qui, travaillant dans une entreprise de presse, reçoivent tous ces communiqués de presse et s’interrogent légitimement ? Pas du point de vue de la direction.
À charge des salarié·es de faire leur propre fact-checking. On se demande bien comment, puisque le directeur de l’immobilier ne cache pas que répondre aux élu·es lui est déjà pénible.
Autre point de crispation de ce déménagement : l’avenir des équipes de la Fabrique. La direction immobilière confirme ce qui a été dit en instance de proximité : les équipes de la Fabrique ne seront pas sur le nouveau site, la direction veut sortir les activités de fiction des « hyper centres-villes ».
Les équipes lyonnaises de Radio France, à savoir une demi-douzaine de salarié·es de France Inter, s’installeraient en revanche avec France 3.
> Sur le déménagement de France 3 Côte d’Azur à Nice.
Le permis de construire a été accordé pour le futur bâtiment, sur le site de la Victorine à Nice-Ouest, à côté de l’aéroport. Le calendrier prévisionnel prévoit une livraison du bâtiment à l’été 2026, qui devrait être aménagé et opérationnel à la fin de cette même année.
L’un des gros points noirs de ce site est l’offre de restauration, inexistante actuellement. Un gestionnaire doit, pour la ville de Nice, la mettre en place. Quelques propositions provisoires sont sur la table : un foodtruck, des livraisons de repas et des frigos connectés. Le nouveau directeur de la prévention des risques Raphaël Bourgier affirme que ces questions seront étudiées en fonction de l’avis des salarié·es.
Sud demande à la direction de leur donner toutes les informations disponibles, y compris cette inquiétante nouvelle : ces solutions « provisoires » dureront… plusieurs années ! Le restaurant inter entreprises est dans les tuyaux, mais à l’horizon 2030. On nous le promet. Nous avons également fait remarquer que les salarié·es seraient nécessairement perdants financièrement, en comparaison avec leur cantine actuelle… Mais la possibilité d’une aide semble encore lointaine, « à étudier ».

L’autre problème souvent remonté par les salarié·es de l’antenne d’Antibes est le rallongement des temps de trajets. Y aura-t-il une compensation financière ? Cela semble être exclu par la direction, qui assure vouloir d’abord étudier toutes les possibilités de « modes de transports alternatifs », comme la mise en place d’une navette de la gare à la station ou l’installation de certaines équipes dans un « tiers-lieu » qui serait situé plus à l’ouest, peut-être dans les environs de Cannes… Bref, l’échéance s’approche, l’inquiétude grandit, mais le flou demeure.
Enfin, jusqu’ici France Bleu ne faisait pas partie de l’équation, mais leur installation au sein du site France 3 ne serait finalement « pas exclue ». La direction a déjà plein d’idées pour pousser les murs ! Comme quoi, selon les dossiers, on avance plus ou moins vite…
> Sur l’intégration de France Bleu au site de Rennes.
Ce déménagement a pris du retard, les travaux de France Bleu devraient commencer fin mai pour une durée de six mois. Ils devraient donc investir les locaux au début de l’année 2025.
Côté pratique, Radio France souhaiterait garder la maîtrise de son accueil, car l’hôtesse d’accueil participe à l’antenne, en prenant les appels d’auditeurs. France 3 souhaite garder son système de gardiennage. Comment cela s’articulera-t-il ? La question est « toujours en discussion » d’après le directeur technique.
> Déménagement du BEX de Dieppe.
Les locaux actuels du bureau de Dieppe n’étaient plus du tout adaptés et le déménagement était très attendu. Un nouveau local a été trouvé, dont le bail devrait démarrer en juillet. Quelques travaux d’aménagement et de sécurisation sont toutefois à effectuer avant l’installation de l’équipe. La direction locale souhaite faire au mieux pour qu’elle puisse déménager avant la fin de l’année.
Sud a apprécié la bonne foi et le travail efficace du chef de centre. Les RP ont par ailleurs souligné la bonne coopération entre direction et élu·es et la consultation des salarié·es. Comme quoi : il est possible de travailler ensemble, en bonne intelligence, et en intégrant les salarié·es dans le processus.
Un avis favorable à ce projet a donc été voté à l’unanimité.
Jeux Olympiques.
C’est la loi : lorsque France Télévisions veut, temporairement, déroger aux limites légales du temps de travail, l’entreprise doit consulter le CSE. C’est bien dommage pour la direction qui a soigneusement tenu la question des JO et de leur organisation à l’écart des élu·es.
Une fois de plus, les élu·es ont été médusé·es devant la qualité des documents fournis par la Direction : des piles de plannings remplis de
couleurs, mais sans légende, truffés d’erreurs (« ce sont des documents de travail » nous répond-on tranquillement), avec des doublons… Mais aussi des oublis.
Les élu·es ont refusé d’émettre un avis au doigt mouillé. La direction devra nous convoquer à nouveau en urgence.

En attendant, nous en savons (enfin) plus sur le dispositif : des salarié·es du réseau et de la Fabrique
partiront renforcer les équipes du siège pour la couverture des JO.
Dix équipes de reportages travailleront sur les sites olympiques hors Ile de France. Certains auront la chance de travailler avec l’un des quatre monteurs dédiés, les autres devront espérer trouver une place dans les salles de montage des régions de leur site olympique (c’est bien connu, l’été, les monteurs du réseau se tournent les pouces). Enfin, « dans une salle », c’est une image de style puisque la règle s’annonce plutôt être l’envoi de sujets en boîte noire et par Aviwest.
Organisation du web.
La CASAR n’existant plus par décision unilatérale de la direction, il n’y a plus que le CSE pour discuter des orientations en matière de stratégie numérique du réseau. On y a enfin appris quelle piste était privilégiée pour mettre au monde, en un temps record, le fameux site internet commun France 3/France Bleu d’ici septembre : chaque entreprise devra fournir « 10 articles par jour ».
Des contenus inédits (mais dans ce cas, produits par qui ?), ou des doublons ? Mystère et boule de gomme.

Des doublons, il y a en aura, beaucoup, et tout l’été. Chaque région a pour consigne de publier au moins deux copies d’anciens articles par jour cet été. Des « rediffusions » de « papiers qui ont marché ».
C’est à se demander pourquoi les rédactions s’entêtent encore à travailler 7 jours sur 7, puisque le recyclage existe.
Plusieurs documentalistes ont été formées pour contribuer au web. Le problème, c’est qu’elles ne seront pas détachées pour cette activité. À elles de trouver le temps sur leurs horaires de travail habituels. Nous ne sommes pas sans savoir que ce service est en tension dans plusieurs antennes du réseau, comment sera-t-il
possible alors de s’organiser ?
Vendre « la possibilité » de pouvoir faire autre chose, mais ne pas en donner les moyens est une
source de frustration pas sans conséquences sur la santé au travail.
Les comptes du CSE et les ASC.
Comme chaque année, les élu·es ont validé les comptes du CSE, et donc des ASC (activités sportives et culturelles). Deux bonnes nouvelles : en 2023, la direction nous aura versé plus d’argent que prévu, puisque le recours aux non-permanents (et les ETP) a explosé en fin d’année, et les comptes ont été dans le vert.
Un montant qui a fait débat, une partie des élu·es estimant qu’il risque de mettre les comptes dans le rouge. Les ASC ont cependant des réserves, l’équivalent d’environ un an de fonctionnement, soit 2,3 millions d’euros. Selon les résultats en fin d’année, le nouveau plafond sera ré-évalué.
Une commission des voyages a été créée : elle aidera les antennes à organiser des voyages, permettra de partager les places entre les régions, et devrait réduire les inégalités qui existaient parfois d’un site à l’autre.
La résolution du CSE à lire ici.
Mesures de « retour à l’équilibre budgétaire » prises en région.

Philippe Angot, directeur financier du réseau, nous explique avoir demandé aux régions de justifier leurs choix pour assurer le budget 2024.
Les élu·es sont sidéré·es à la lecture de ce document qui ne donne aucune information financière nous permettant de comprendre pourquoi certaines directions régionales ont décidé soit d’arrêter des émissions, soit de multiplier les JT communs. Pour exemple, Limousin/Poitou-Charente devra fabriquer 72 JT communs de mai à novembre en période de basses activités. Nous rappelons que cette demande est faite aux antennes qui ont déjà les effectifs les plus réduits.
Madame Staes ne voit aucune injustice à cela et puis, martèle-t-elle : « chaque région à la responsabilité de son budget ».
Mais pourquoi certaines régions sont-elles dans le rouge dès le 1er trimestre 2024 ? Pourrait- on avoir des précisions sur l’état des finances des régions ? Des données chiffrées ? Nous n’aurons aucune réponse à ces questions et Sud le déplore.
On sait seulement que dans de nombreuses régions, les trous dans le budget sont dus au déploiement d’Open Média, des régies Mozar et d’ICI. Vous l’aurez compris : Paris impose, les régions payent l’addition. On constate que nous ne sommes pas en capacité de mettre en œuvre les choix de l’entreprise car nous n’en avons pas les moyens. Alors d’une manière ou d’une autre le réseau rembourse.
L’entreprise a sous-estimé le coût de ces déploiements et aujourd’hui les régions doivent tailler dans leurs programmes pour financer ce qui n’a pas été pensé au-dessus. C’est la double peine.
De plus, les élu·es demandent le coût des JO dans le réseau, ne serait-ce pas non plus une des raisons pour laquelle il faudrait faire des économies ? Dommage, Monsieur Angot connait cette info, mais il ne l’a pas sur lui.
Le compte-rendu à télécharger ici
Le prochain CSE du réseau aura lieu les 19 et 20 juin 2024.
Si vous avez des questions, des doléances, contactez vos élu·es et représentant·es Sud au CSE : Nadia Adell, Johanna Albrecht, Pierre-Olivier Casabianca, Romane Idres et Philippe Perrot, ou vos élu·es et représentant·es Sud en région.

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