Compte-rendu CSE des 15, 16 et 17 octobre 2024

Note : le CSE ordinaire a été précédé d’une journée de CSE extraordinaire dédiée à la grille de rentrée et à la marque ICI. Il s’agissait de la suite de l’instance suspendue en septembre parles élu·es parce que la direction avait fait preuve d’une extraordinaire mauvaise foi en refusant de délivrer les informations et documents nécessaires à l’ouverture.

Le bug ICI

Si la direction a fourni quelques documents supplémentaires, les élu·es déplorent une fois de plus la mauvaise volonté de la direction pour engager un dialogue social de qualité. Une bonne partie des débats s’est portée sur la fameuse marque “ICI”, dont le logo va remplacer celui de France 3 sur l’intégralité des programmes régionaux à partir du 4 novembre. Une incrustation dans l’image que la direction appelle… un bug. “Le bug ICI apparaîtra bientôt sur nos écrans” : on se demande si cela relève de la pure provocation ou d’une affligeante absence d’esprit.

Il aura fallu lourdement insister pour que la direction finisse par admettre que le projet était bien, dès 2025, de floquer ce logo sur tout le matériel professionnel. Il s’agit donc bien d’enterrer à petit feu France 3, chaîne régionale mythique dans l’esprit des Français. Impossible, en revanche, de leur faire dire le coût de ce déploiement. D’autant que le logo a été déposé à l’INPI par Radio France il y a un an. Devrons-nous payer la radio publique pour utiliser ce logo ? La direction n’a pas su répondre.

Pour justifier ce changement, la direction nous a présenté une étude de “perception quali” réalisée auprès des téléspectateurs. Une étude réalisée en avril 2022, auprès de 40 répondants seulement, et qui ne fait en aucun cas référence au remplacement de France 3 par ICI. Là aussi, impossible de connaître le coût de cette amère plaisanterie.

Voilà donc 50 ans d’histoire audiovisuelle balayés d’un revers de main, sans qu’une étude sérieuse n’ait été menée auprès du public, et sans qu’aucune étude d’impact sur les 3 000 salarié·es du réseau régional n’ait été réalisée. Et une direction qui ne voit pas le problème — ou qui fait mine de ne pas le voir… Vive la politique de l’autruche. Les élu·es ont donc voté à l’unanimité une résolution pour demander la suspension du processus de changement de marque et la mise en place d’une information/consultation, se réservant la possibilité d’agir en justice. Lire la résolution complète ici.


Budget : l’enfumage du “retour à l’équilibre”

Après avoir tiré la sonnette d’alarme sur la situation financière de France 3 au printemps, enjoignant les directions régionales à prendre des mesures drastiques de “retour à l’équilibre budgétaire”, comme la multiplication des JT communs ou la suppression d’émissions, la direction nous apprend que les comptes du réseau ne sont en fait pas vraiment dans le rouge. Nous disposons même de 9 millions d’euros non dépensés au premier semestre par rapport au prévisionnel ! Une aberration que nous avons dénoncée dans notre déclaration liminaire.

Face aux interrogations des élu·es, la direction n’a pas sourcillé à l’idée d’avoir inutilement dégradé l’antenne — et confirme qu’elle va poursuivre en ce sens jusqu’à la fin de l’année. Le directeur financier, lui, nous prend un peu de haut, nous expliquant qu’il faut bien se rendre compte que si le réseau semble être dans le vert, la situation globale de l’entreprise est bien moins réjouissante, et que tout le monde doit participer à l’effort de guerre. Un discours en totale incohérence avec celui de la directrice du réseau, qui assure, quand on l’interroge sur la différence inouïe de moyens entre France 2 et France 3, qu’il ne faut pas “regarder dans le jardin du voisin” !

Sud voit là une volonté à peine voilée de faire peser sur les antennes régionales le plus gros effort financier… comme d’habitude. Si l’objectif affiché est d’atteindre l’équilibre financier, la direction du réseau semble plutôt vouloir rendre quelques millions d’euros à la fin de l’année.

Un zèle sûrement très apprécié par la présidence à l’heure où il va falloir payer le doublement du JT de France 2 et les extravagances olympiques… qualifiées par la présidente de “parenthèse enchantée”. Un conte de fées à l’addition salée.

Nous apprenons également que le budget du réseau est grevé par les matinales filmées de France Bleu, puisque chacune d’elles coûte 200 000 euros par an à France Télévisions ! “Un surcoût énorme”, de l’aveu même du directeur financier, en comparaison avec les programmes diffusés sur cette case auparavant. Tout ça pour des audiences loin d’être satisfaisantes.
Lire ici le compte-rendu de la commission économie et structures.

Santé au travail : l’absentéisme repart à la hausse

Dans le réseau, le taux d’absentéisme augmente. Lors du 1er semestre 2024 le taux moyen est de 6,79%, il était de 6,26% l’année dernière à la même époque. Certaines régions ont des taux importants : plus de 8%, en Aquitaine et même 10,08% en Midi-Pyrénées.

Pourquoi ces taux sont-ils si élevés ? Comme tous les ans, la direction explique qu’en début d’année, c’est à cause des maladies saisonnières. Une réponse insatisfaisante.

Les élu·es souhaitent savoir si le travail est l’une des causes de ces nombreux arrêts. Nous constatons en effet une nouvelle hausse des absences de courte durée (+19,5%). Nous n’en saurons rien, la direction n’a rien pu nous fournir des explications et préfère noyer le poisson. Pour en déterminer précisément les causes, il nous manque de nombreux indicateurs, qu’elle ne nous fournit pas. Lire ici le compte-rendu de la CSSCT.


Besançon : le copil en pleine déroute

Cette CSSCT a également été l’occasion de faire le point sur le Comité de pilotage (Copil) de Besançon, qui, suite à un risque grave, devait travailler à un plan d’actions pour remédier aux risques psychosociaux (RPS) et aux comportements inappropriés.

Cet été, l’inspecteur du travail expliquait dans un courrier que le Copil a fait fausse route et qu’il manque des mesures primaires indispensables pour s’attaquer efficacement aux RPS, et que les mesures prises, comme la mise en place d’ateliers de sophrologie ou de communication non-violente, relevaient plus de la qualité de vie au travail que de la prévention primaire. Sud espère que de véritables actions de prévention seront mises en place rapidement dans cette antenne.

Tournage pour M6 à Vendargues : les lacunes de la direction de La Fabrique

La société de production SND Fictions va tourner une série pour M6 dans les studios de France Télévisions à Vendargues et y fera fabriquer ses décors. Pour lister et prévenir les risques liés à l’utilisation de nos locaux par une entreprise extérieure, un plan de prévention a été présenté aux élu·es du CSE.

Malheureusement, ce plan n’est pas satisfaisant. D’après le Code du travail, les RP doivent être associé·es à l’élaboration de ce document. Ça n’a pas été le cas, malgré leurs demandes. Une fois terminé, il ne leur a même pas été transmis. Sud ne comprend pas pourquoi les dirigeant·es de La Fabrique n’étaient pas au courant de ces règles de droit basiques et demande à France Télévisions de former les cadres décisionnaires au plus vite.

En effet, toutes les mesures doivent être prises pour que l’arrivée d’une société de production concurrente dans nos locaux se fasse dans des conditions de sécurité optimales et ne génère pas de tensions entre les personnels de ces deux entreprises. Au vu des nombreux manquements de ce plan de prévention, les élu·es demandent qu’une nouvelle inspection soit organisée.

Situation de l’emploi au 1er semestre 2024

Au 30 juin 2024, les antennes du réseau comportaient 2 674 salariés permanents, soit 55 de plus qu’à la même date l’année dernière. À noter que 285 sont à temps partiel.

Trois régions ont connu une augmentation de plus de 10 permanents depuis 2023 : Bourgogne Franche-Comté (+19), Nouvelle-Aquitaine (+10) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (+15).

En revanche, trois régions voient leur effectif permanent baisser. La Normandie connaît une baisse de 8 emplois depuis mars 2023 et de 10 emplois depuis Juin 2023. Cet écart s’explique par le départ de 16 salariés entre mars 2024 et juin 2024. Il peut donc s’agir d’un effet retard sur les recrutements. Même dynamique en Centre Val de Loire. La région a connu 2 départs entre mars 2024 et juin 2024. L’effet de retard sur le recrutement peut donc là aussi expliquer la baisse d’effectif (-1 permanent) de date à date. Enfin, Paris Île-de-France affiche un solde négatif de 3 emplois depuis mars 2023 et d’un emploi depuis juin 2023.

Les 57 ETP promis par la direction du réseau pour renforcer les équipes suite au projet Tempo, n’ont en revanche pas tous été donnés, il manque environ 10 de ces postes. À noter qu’il y aurait par ailleurs environ 200 postes gelés sur le réseau.

Les élu·es manifestent la volonté des représentant·es de proximité de pouvoir discuter en IP des postes vacants, gelés, et de comment ils seront déployés. Les RP veulent connaître les évolutions des postes, la dotation budgétaire, le suivi de l’organigramme et l’affichage d’un poste vacant et pouvoir en discuter. La direction nous dit être d’accord pour que les directions régionales communiquent aux représentant·es du personnel ces informations. Sud vous recommande vivement d’en faire la demande.

Le prochain CSE du réseau aura lieu les 20 et 21 novembre 2024.
Si vous avez des questions, des doléances, contactez vos élu·es et représentant·es Sud au CSE : Nadia Adell, Johanna Albrecht, Pierre-Olivier Casabianca, Romane Idres et Philippe Perrot, ou vos élu·es et représentant·es Sud en région. 

Avatar de Inconnu

A propos Sud Médias Télévision

SUD Médias Télévision, syndicat à vocation nationale, autonome et indépendant, se fixe pour mission de défendre la dignité de chacun dans son travail et de lutter contre la déshumanisation de l’entreprise.