Liminaire CSE décembre 2020

La proximité, un bel alibi ?

Que des vertus ! Qu’est-ce qui justifie ce regain d’intérêt de la part de nos directions pour la notion de proximité, trop souvent reléguée à la dernière roue du carrosse.
On le voit bien, ce n’est pas avec une grande fougue qu’elles se sont battues pour la cause (perdue d’avance ?) du manque de visibilité des locales sur les box. Et les menaces qui ont pesé sur les locales en 2017 ne le rappellent que trop cruellement. Certaines y ont laissé des plumes, d’ailleurs…
La régionalisation ne sera pas, non plus, l’occasion de rattraper ce rendez-vous manqué, semble-t-il. Triste désillusion !
Pourtant, au terme des différents ateliers menés, on découvre, çà et là, que la proximité se trouve soudainement auréolée de toutes les vertus aux yeux de notre direction !
On ne cesse de la vanter, de la chouchouter, de la décliner : géographique, thématique, transversale… Le téléspectateur devient un citoyen à écouter, un acteur local dans un territoire qu’il ne faut plus délaisser (enfin !). On veut prendre le pouls de ses préoccupations au quotidien, avec une attention honorable, mais dans quelle intention ?
Et si la proximité n’était autre qu’une grande cour de récréation où tout était permis !
Sous de nobles ambitions :
Elle légitimise un mode de travail dégradé, avec la pratique très bientôt généralisée des UTS, au risque de faire fi des accords d’entreprise. Notre citoyen devient, à son insu, un acteur essentiel, à moindre frais et à grand renfort de micros-trottoirs, oups pardon de paroles citoyennes et de plateaux… Cette tendance à la personnalisation et les témoignages en longueur permettent de produire à moindre coût.
Elle encourage un recours accru aux journalistes de proximité, déjà très sollicités et leur propose, qui plus est, d’exercer un journalisme à la frontière ténue avec de l’info-service et refroidie, ce qui peut questionner.
Et surtout, telle une baguette magique, elle permet aux directions régionales de rendre leur copie à Paris, sans faute et dans des délais très courts, trop courts, en respectant la principale règle du jeu des « moyens constants ».

Une proximité diluée et sans âme ? Mais, la nécessité de parler à tous, « au plus grand nombre », via une proximité thématique ou transversale, ne va-t-elle pas gommer à terme la notion de proximité géographique ?
Quelle sera la cohérence et l’identité de nos territoires, déjà fragilisés par un découpage des Grandes Régions souvent vécu comme artificiel, au mépris de l’histoire et des réalités socio-culturelles ?

Sud défend et défendra toujours les métiers, la qualité et la proximité géographique, celle respectueuse d’un territoire, avec sa spécificité culturelle et son parler propre et s’oppose à une proximité transversale à outrance, celle de la grande région, qui mélange des territoires qui n’ont rien à voir entre eux, en mélangeant des reportages de toutes les régions.

La proximité, arborée comme un drapeau, ne doit pas être la grande perdante
de cette déclinaison de la régionalisation.
« On s’invite chez vous ! »
certes, mais avec quelle image appauvrie du service public !
La proximité est l’ADN même du réseau. Elle doit être digne de plus de moyens,
tout comme les attentes des téléspectateurs et des salarié·e·s, que la direction prétend si bien choyer !

Le liminaire à télécharger ici

A propos Sud Médias Télévision

SUD Médias Télévision, syndicat à vocation nationale, autonome et indépendant, se fixe pour mission de défendre la dignité de chacun dans son travail et de lutter contre la déshumanisation de l’entreprise.