Une tranche lancée dans la plus grande précipitation, au risque d’être éphémère.
On peut se féliciter de l’annonce de France Télévisions de mettre à l’antenne, une nouvelle chaîne éphémère de la culture et du spectacle vivant. On peut se féliciter de ce geste solidaire, sans-doute essentiel pour les acteurs du monde culturel en pleine détresse. Notre entreprise, qui se définit comme étant « de grand service public », en a pris l’initiative, avec générosité.
Mais le 18 h 30 sera-t-il tout aussi éphémère que la nouvelle chaîne de la culture et du spectacle vivant ?
Car la présidente de France Télévisons n’affiche pas la même générosité envers les salariés du réseau, mis rudement à l’épreuve, depuis 10 ans avec une baisse des effectifs, année après année.
Au point qu’aujourd’hui, quand enfin on nous donne de l’antenne, c’est à moyens constants et même réduits… en imposant aux salariés du réseau d’être solidaires, de l’effort de réduction nationale d’ETP à hauteur cette année de 21 ETP…
Alors quelle sera la longévité de ce nouveau rendez-vous régional, imposé sans égard pour ses salariés, dans le déni de leur souffrance ? A l’heure où notre présidente se dit soucieuse de préserver la santé de ses troupes dans un contexte de crise sani- taire… ?
Pour preuve, les heures de méditation ou de gymnastique avec un coach, mises gracieusement à disposition sur la toile par notre direction ou encore les agoras, où l’on prétend libérer la parole dans un bel élan collectif et où l’on peut tout se dire… Soyons sérieux !
Tout cela fait sourire …
Autant d’attentions déployées et affichées, alors que le rouleau compresseur est, une fois de plus, en pleine action, sans état d’âme et que les risques psychosociaux et les alertes pour danger imminent se multiplient…
Pour la direction, il faut sauver les apparences et encourager l’adhésion des salariés, coûte que coûte !
Une naissance dans la douleur
Le 18 h 30 a été lancé avec plus ou moins de brio et de flonflons, de manière très inégale sur le territoire… Certaines régions, peut-être les plus étoffées, ont joué les bons élèves ; d’autres sont plus à la traîne, avec des projets moins aboutis. Qu’importe ! « L’honneur est sauf » pour la direction du réseau, qui se félicite de cette mise à l’antenne. Et peu importe la qualité, sa mission est accomplie !
Faisant fi du mouvement de grève qui dure depuis 11 jours. Grève qu’elle s’évertue de minimiser et de cacher, comme on voudrait le faire d’un enfant illégitime.
Faisant fi de salariés déjà la tête sous l’eau, attachés à un service public de qualité.
Faisant fi des alertes lancées par les syndicats en CSE sur le manque de moyens dès le mois d’octobre dernier.
Alors quelle crédibilité reste-t-il à une direction qui affirme prô- ner le dialogue social, alors qu’elle reste sourde aux inquiétudes des salariés en imposant un calendrier des plus irréalistes et anxiogènes ?
Quelle crédibilité peut-on donner à une direction qui appauvrit le traditionnel journal régional, en le vidant d’une partie de ses effectifs, pour les redéployer sur le 18 h 30?
Quelle crédibilité porter à des projets sans fondations stables, sans certitudes de moyens et d’ETP ? Ou plutôt avec la certitude qu’il n’y en aura pas assez.
Madame la Présidente, Monsieur le directeur du réseau, Attention de ne pas inverser la vapeur trop vite, dans un contexte trop contraint… Au risque de s’essouffler sur la longueur et de s’écrouler… Car Les châteaux de sable sont toujours éphémères.
Madame la Présidente, Monsieur le directeur du réseau, il est temps d’entendre et d’écouter les salariés. Sans eux, aucun 18h30, aucune régionalisation ne pourra se faire et réussir. Il en est de votre responsabilité.