Les Représentant·es de Proximité de l’instance de proximité de Bretagne et de la Fabrique ont rencontré la présidente de FTV, Delphine Ernotte, et le directeur du réseau France 3, Philippe Martinetti le 17 octobre 2023.
Ils ont partagé un certain nombre de remarques de salarié·es avec la direction générale. Elle les a écoutés, mais nous sommes convaincus qu’elle n’a pas entendu.
En préambule, les RP ont expliqué que si certaines antennes du réseau sont en crise, l’antenne de Bretagne est elle sous tension. Ils ont rappelé que l’antenne de Bretagne s’est préparée pour le projet Tempo au prix de renoncements : les émissions de régie ont disparu des écrans, plus de tranche du 18.30 ou d’émission matinale « vous êtes formidables » notamment.
Nous avons souligné que l’empilement de projets (Newsboard, Openmedia, régie MOSAR, etc.) ne permet pas aux salarié·es d’être sereins. Nous allons vers l’épuisement du collectif.
Côté “programmes”, nous avons fait part de la vive inquiétude quant à la disparition des 280 jours annuels de tournage d’équipes légères de la Fabrique. Cette décision, au-delà de punir l’antenne de Bretagne dont 90% des émissions sont produites par les équipes légères, fait craindre le pire pour les salarié·es et les programmes régionaux.
Les RP considèrent que les moyens dévolus à Tempo, humains notamment, sont largement insuffisants. Les moyens du national n’ont pas été reportés sur le réseau.
La présidente reconnaît qu’il n’y a eu que 5 personnes du national à aller travailler en région. Elle ajoute que « nous devons rester à iso-effectif à FTV » alors, à court terme, rien n’est prévu en plus.
La Fabrique :
Depuis l’annonce le 27 mars par téléphone du transfert des équipes légères aux antennes de France 3, rien n’a été présenté en CSE réseau. Les salarié·es sont laissés dans l’expectative et l’angoisse quant à leur avenir. La direction de la fabrique renvoie désormais les questions à la direction du réseau. S’agit-il de transférer des équipes ou des salarié·es répartis de façon éparse sur le territoire ? Comment les 280 jours de tournage annuels pour France 3 Bretagne vont-ils être assurés, avec le possible transfert à l’antenne d’une seule équipe, voire d’une équipe incomplète, sans OPV ?
Le directeur du réseau explique que tout est encore à l’étude. Le plan de charge ne baissera pas. Une des hypothèses est d’avoir un pool d’équipes légères sur le réseau, ou par antenne. La direction du réseau présentera ses propositions en fin d’année.
Projet nouvelle régie MOSAR :
Nous avons interpellé la présidente, comme nous l’avions déjà fait le 30 janvier dernier, pour réaffirmer que, dans l’état actuel du projet, la régie est sous-dimensionnée pour fabriquer les émissions d’aujourd’hui. Points problématiques : le mélangeur vidéo, la surface de la console audio et le dimensionnement de la centrale d’intercommunication (réseau d’ordre).
Sans ajustements techniques, il est impossible de répondre aux demandes éditoriales actuelles et futures. Les RP rappellent que la Bretagne a des spécificités (COM, langue bretonne …) qui justifient ces ajustements.
Editions ICI :
Nous avons parlé de la santé des salarié·es. Les RP ont rappelé les obligations de l’employeur en la matière.
Les représentants de proximité ont fait un sondage sur l’antenne de Bretagne. Les salarié·es témoignent de troubles depuis l’arrivée des éditions ICI (insomnies, nervosité, personnels en pleurs) et de l’insatisfaction professionnelle grandissante. Ces symptômes sont des marqueurs de risques psychosociaux. Les RP demandent à la présidente quels moyens elle va débloquer pour que la santé des salarié·es ne pâtisse pas de la mise en place des éditions ICI.
La présidente ne répond pas à la question, elle rétorque que les mots utilisés par les RP “sont très forts.” Ce sont pourtant les mots des salarié·es. Elle préfère dire qu’elle redonne une vocation régionale à France 3 par ce projet de proximité. Cette ambition servirait l’avenir des salarié·es du réseau, selon elle.
Le directeur du réseau explique aussi que la répartition des 60 ETP, dont 1,25 a bénéficié à la Bretagne, cible la filière édition et le rattrapage des antennes historiquement moins bien dotées que les autres. Chaque direction régionale a donné ses besoins à la direction du réseau, qui a ensuite distribué les 60 ETP.
Les RP font un retour sur les premiers résultats du sondage proposé aux salarié·es de l’antenne Bretagne. Des métiers de l’édition, rédacteur·rice·s, monteur·euse·s et technicien·ne·s vidéos ont témoigné :
- 94% constatent que leurs charges de travail et leurs amplitudes ont augmenté. Pour certains métiers, les 50 heures par semaine sont dépassées.
- 90% disent que leurs vies personnelles sont impactées négativement (par exemple abandon du sport, temps pour vie familiale en soirée raccourci).
- 86% expliquent être impactés physiquement ou moralement (fatigue, stress, tension, cauchemars, insomnie …).
- Il y a une intensification du travail.
Le directeur du réseau répond qu’un plan d’urgence et des ateliers vont être proposés, suite à la saisine sur les éditions ICI par l’intersyndicale. Un travail au long cours, alors que des réponses et des aménagements urgents sont nécessaires.Les RP expliquent que, contrairement à la philosophie annoncée du projet Tempo, la région n’a pas la maîtrise éditoriale des propositions nationales et internationales. La région doit s’adapter à l’offre venant de Paris. Quand au moins 10 minutes des JT sont imposées par les équipes éditoriales du national, les éditions bretonnes ne sont plus maîtres de leurs JT. Par ailleurs, les dossiers doivent être traités par la région.
Le directeur régional du réseau rappelle que ce qui est appliqué actuellement est le résultat des ateliers du printemps dernier. Les dossiers sont une charge en moins pour les régions, selon lui. Il y a une clause de revoyure le 28 novembre. Les décisions qui en sortiront devront prendre en compte l’intérêt éditorial. La direction dit qu’elle sera aussi attentive aux nécessités de productions (Na Petra Ta, les PAE …) et aux moyens qui concourent à la fabrication de nos JT.
Conclusion de la demi-heure courtoisement accordée par Madame la présidente de FTV aux représentants de proximité de l’antenne Bretagne : pas de moyens supplémentaires pour Tempo, pas de problèmes criants depuis Tempo, pas de problématique éditoriale avec Tempo, au contraire, de bonnes audiences qui font dire à la présidente qu’on continue comme ça.
Rennes, le 17 octobre 2023
