Mardi 18 juin, innovation oblige ou crainte d’action de ses
salariés, c’est dans un théâtre parisien entourée de son
fidèle second et du directeur de l’information que Delphine
Ernotte nous a dévoilé les transformations à venir.
Notre présidente est très fière d’annoncer : « Nous avons signé un accord avec les organisations syndicales, accord indispensable pour cette transformation »
Quand dans nos antennes nous constatons le désarroi de nos collègues face à la destruction des métiers, la présidente elle se réjouit.
Sa seule interrogation est : « Comment préserver un espace public de qualité ? »
Peut-être en écoutant les professionnels que nous sommes au lieu de succomber aux belles paroles des apprentis sorciers ?
« Nous sommes en mesure de vous présenter un pacte citoyen pour faire évoluer nos antennes vers la qualité. »
Quel mépris pour tous ceux qui ont fait de notre maison le fleuron de l’audiovisuel public.
« Notre pacte est construit sur trois piliers : l’engagement, l’innovation, le plaisir. J’ai la conviction que c’est dans nos régions que se fait beaucoup l’innovation… innovation éditoriale et innovation technologique pour gagner en agilité et efficacité »
Vouloir mettre en place des régies automatisées, des robots à la place des OPV, fabriquer des émissions avec des GOPRO sur pied, en plan fixe, sans personne derrière… Supprimer les savoir-faire des professionnels de la télé, quelle belle idée !
Editorialement comment peut-elle croire qu’une interview peut se résumer à un module Web où les questions volent aussi haut que : croisette ou bronzette ? Lève tôt ou couche-tard ? Comment peut-elle croire que les reportages peuvent être tournés par une seule personne à la sauce MOJO ? Que les nouvelles écritures qu’elle aime tant ont du sens ?
Depuis quand appauvrir nos antennes c’est de l’innovation ?
Comment pourrait-on trouver une once d’engagement à fabriquer ce genre de programmes dans de telles conditions ?
De quel plaisir parle notre présidente ? Sûrement pas de celui des salariés qui se préparent à subir les expérimentations de la rentrée et la casse des métiers.
Enfin la présidente en femme de culture nous a cité Sartre : « Un média qui perd ses enfants perd son âme. »
Mais que perd une direction quand elle oublie l’âme de ses salariés ?
Désolé Madame la présidente mais votre numéro de madame loyale ne nous convainc pas, vous n’aurez pas notre caution.
Et encore moins notre âme.