Du château des rêves à la tente quechua

Voilà plus d’une semaine que les ateliers de la régionalisation ont commencé.

En Provence-Alpes comme ailleurs, ils s’apparentent à une « boîte à idées » mais ils laissent aussi entrevoir un « journaliste homme-orchestre ». Pour ce qui est de la « boîte à idées », on est entre nous, on se dit tout : nos envies, notre vision de la proximité et des nouvelles technologies de l’image et du son. Les personnels proposent. La direction dispose. Ces échanges donnent lieu à de bonnes choses. Les salariés ont de la créativité. Certains d’entre eux souhaitent vraiment s’approprier cette nouvelle tranche.

Le problème, c’est qu’à deux mois de la mise à l’antenne on ne sait toujours pas qui pilotera. Marseille ? Antibes ? Les deux en alternance ?  La directrice n’a pas tranché. À un mois de son départ, est-elle en capacité de le faire ? Cette information est pourtant essentielle en termes de moyens engagés et d’investissement des salariés sur site.

Quant à NOS idées, nos encadrants pourront-ils les défendre ? La régionalisation se fera à moyens constants. Il y a fort à parier que la formule retenue soit du Plateau à la manière BFMTV ou CNEWS.
NOS idées seront rangées dans un tiroir avec quelle garantie qu’un jour elles ne ressurgissent pas dans un programme confié à une société de production privée ?

Enfin il y a les nouvelles écritures qui donnent lieu à tous les possibles.  Les journalistes pourront se filmer au cours de leur tournage puis poster ces séquences sur Instagram pour TEASER. Pour compléter le reportage, le JRI pourra aussi faire un peu d’infographie par ci  un peu de montage par là. Ces perspectives nous inquiètent. Les journalistes déjà très sollicités sur l’actualité seront-ils en capacité d’accomplir ces nouvelles tâches ?  Nous entendons que cette régionalisation ne se fasse pas à marche forcée et que tous les métiers soient respectés. Nous avons déjà payés un lourd tribut en matière d’économies et de postes de journalistes et de techniciens non remplacés. Les personnels sont à bout de souffle et n’accepteront pas une nouvelle réforme basée sur un journalisme de solutions sans solutions, ni une rédaction sans projet éditorial. Nous nous méfions aussi aux prétendues nouvelles écritures qui ne seraient qu’un vague copier-coller des modules de Brut ou de Kombini  « mode régional ».

Pour toutes ces raisons, nous alertons sur les désillusions qui découleront de ces ateliers qui se heurteront à la réalité des moyens. 

Nous craignons que le Château des Rêves qu’on nous fait aujourd’hui miroiter se transforme en tente Quechua. On espère qu’il ne manquera pas les sardines. À Marseille, ce serait un comble !

Le tract en pdf à télécharger ici.

A propos Sud Médias Télévision

SUD Médias Télévision, syndicat à vocation nationale, autonome et indépendant, se fixe pour mission de défendre la dignité de chacun dans son travail et de lutter contre la déshumanisation de l’entreprise.